
Les tissus qu’ils créent ne trouvent pas preneurs ? Nos créateurs n’ont pas Ie sens du commerce. En revanche, ils ont le goût de la mise en scène.
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Pigeons, coqs, canards... Des lampions de papier traditionnels, rapportés d’Allemagne, décorent la double vitrine. Ils ne sont pas à vendre mais tout le monde en veut. Du café de Flore, de Paris et d’ailleurs, à pied, en taxi ou en métro, on accourt au 34 pour humer l’air du temps chez ces marchands de rien et de tout. Après les lampions, l’inventaire poétique continue : parfums anglais, couvertures galloises, bâtonnets d’encens indien, jouets en bois, que l’on achète sur un air de Mozart ou des Rolling Stones. Aujourd’hui encore, au 34, les bonnes vibrations palpitent.
NOTES OLFACTIVES ET MUSICALES
Au 34 boulevard Saint-Germain, la musique donne l’humeur du moment. Ce jour-là, c’est Mozart.
Une caisse de bougies au parfum d'amande. La cliente est américaine mais elle est loin d'être perdue dans la boutique du 34 boulevard Saint-Germain. Elle sait exactement ce qu'elle veut. Le tout emballé et à emporter vite fait. “Souhaitez-vous remplir le document pour la détaxe?” s’enquiert le vendeur.

En 1964, les premières incursions de la Maison dans l'univers de la beauté sont des importations anglaises : les eaux de toilette de Penhaligon's, grande maison britannique, le vinaigre de toilette qui pique la curiosité ou encore le Violet Oatmeal de Rimmel, un masque à l'avoine. La cosmétique selon diptyque infuse déjà.
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En 1963, nos fondateurs imaginent des bougies aux couleurs de leurs tissus. Leur cirier leur souffle l'idée de les parfumer, une première innovation. Les parfums choisis sont aubépine, cannelle et ... thé, une révolution dans l'univers de la parfumerie. Le trio fête les deux ans de la boutique avec trois bougies, incarnation de leur art de vivre.



Tout, c’est tout ce qu'ils aiment et qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Sucriers de bistrot, verres de Lorraine, brûle-parfums indiens ils exaltent la beauté du quotidien et le travail des artisans.
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Lanceurs de tendances par inadvertance, ils voient leur curiosité récompensée par des succès inattendus. Ils remettent au goût du jour les jouets en bois. Ils lancent en exclusivité les créations de la jeune nièce débutante d'amis irlandais, Laura Ashley... « Oiseaux appelants » empruntés aux chasseurs et colorés par leurs soins, éprouvettes remplies de graines colorées, leurs bricolages séduisent les clients. Rayon musique, un seul disque, en exclusivité comme le reste : l'hilarant concert à Carnegie Hall de la célèbre Castafiore américaine, la «cantatrice» Florence Foster Jenkins.



Desmond n'a jamais cessé de peindre. Yves a la passion des voyages. Christiane a le goût de l'architecture.
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Âme créative de diptyque, Desmond continue d'exposer dans les galeries ou de réaliser des fresques. De l'Irlande familière à la Russie, de la Grèce adorée à l'Italie, il partage avec Yves la passion des voyages. Ils contemplent avec la même ferveur les toiles de maîtres et le geste des artisans. Comme Christiane, leurs enthousiasmes n'ont pas de hiérarchie. Son talent de la couleur s'affirme sur la façade d'un immeuble parisien qu'elle restaure dans des tonalités scandaleuses pour ses riverains et s'exprime dans des décors somptueux de zelliges, mosaïques marocaines colorées.

Cassis, framboisiers, groseilliers... dans le jardin familial de La Ferté-Alais, Christiane enfant, les lèvres rosies par ces plaisirs gourmands, se repose sous un arbre pleureur qui reflète son « Ombre dans l'eau ». En Irlande, un « Jardin clos » jonché de pois de senteurs et de roses trémières est le refuge secret de Desmond. Il ne sait pas encore qu'il le mettra en bouteille. En Normandie, le jardin de la maison des Lilas est l'œuvre subtile et éclectique d'Yves et de Desmond. Ponctué de statues mangées par une végétation attachante comme une « Eau de lierre », il est la synthèse des jardins aimés tout autant qu'une source d'inspiration.